Code d’éthique et Normes de pratique de l’OTSNE

Préambule

La profession du travail social est d’une importance cruciale au Canada, car elle vise à améliorer le bien-être et la qualité de vie des individus, des familles et des communautés. Les travailleuses sociales et les travailleurs sociaux (les T.S.) jouent divers rôles, notamment dans les domaines de l’administration, de la défense des droits, de la consultation psychologique et de la thérapie, ainsi que des services de soutien dans des secteurs tels que les soins de santé, l’éducation, le bien-être des enfants et des familles, la santé mentale et le développement communautaire. Les T.S. s’engagent à défendre la justice sociale, l’équité et les droits de la personne, en se concentrant souvent sur les groupes marginalisés afin de surmonter les obstacles systémiques et d’améliorer l’accès aux ressources.

Cependant, le travail social contemporain a des origines coloniales qui visaient à soutenir un État industriel. Issu des changements socio-économiques de la révolution industrielle et de la nécessité de gérer la pauvreté urbaine, le travail social a été institutionnalisé en mettant l’accent sur le contrôle de l’État et la productivité économique, négligeant souvent les approches communautaires. Ancrée dans les idéologies coloniales, elle s’efforçait d’assimiler les populations marginalisées dans les structures capitalistes, mettant de côté les pratiques de soins autochtones et issus des communautés. Historiquement, le travail social a donné la priorité à la réhabilitation individuelle plutôt qu’au changement systémique, s’alignant sur les objectifs de l’État capitaliste, renforçant les hiérarchies sociales et maintenant le statu quo.

À Mi’kma’ki, le territoire traditionnel des Micmacs dans la Nouvelle-Écosse d’aujourd’hui, les origines des pratiques de travail social étaient profondément ancrées dans les traditions des guérisseurs de la communauté. Ces individus, vénérés en tant qu’Anciens ou guérisseurs traditionnels (ou sorciers), possédaient une connaissance approfondie des plantes médicinales, des pratiques spirituelles et de la guérison holistique transmise de génération en génération. Leurs pratiques témoignaient de la confiance que le peuple micmac accordait à ses guérisseurs pour assurer son bien-être général grâce à des remèdes naturels et à des conseils spirituels, en mettant l’accent sur l’interdépendance et l’équilibre entre la personne, l’environnement et la communauté passée, présente et future.

Les Néo-Écossais d’origine africaine possèdent une riche histoire qui remonte au début du XVIIe siècle, caractérisée par des réseaux de soutien et des pratiques de guérison résilients issus de leur héritage. Les guérisseurs traditionnels ont joué un rôle essentiel dans l’utilisation des plantes médicinales et des pratiques spirituelles pour traiter diverses affections, favoriser le bien-être de la communauté, préserver la culture et lutter contre l’oppression.

Les Acadiens, les colons français installés en Nouvelle-Écosse au début du XVIIe siècle, ont considérablement influencé la région par leur culture, leur langue et leurs innovations agricoles, malgré les difficultés auxquelles ils ont été confrontés, comme leur expulsion au milieu du XVIIIe siècle. Leur résilience et leur héritage culturel continuent de façonner la Nouvelle-Écosse aujourd’hui.

L’arrivée des colons britanniques a apporté de nouvelles pratiques et concepts médicaux lors de la période coloniale. Les colons britanniques avaient avec eux les connaissances et les pratiques médicales européennes, souvent issues des découvertes scientifiques émergentes de l’époque, notamment l’utilisation de produits pharmaceutiques et de techniques chirurgicales.

L’introduction de ces pratiques a entraîné une interaction complexe avec les traditions de guérison existantes des Micmacs, des Néo-Écossais d’origine africaine et des Acadiens.

La pratique contemporaine du travail social reconnaît les torts causés par les influences coloniales, en particulier le génocide des Micmacs et des peuples autochtones et le racisme envers les Noirs. Des efforts sont en cours pour privilégier des valeurs éthiques telles que la justice sociale, l’équité et la sensibilité culturelle dans la pratique. Évoluant dans un contexte complexe où s’entremêlent les valeurs de l’État, l’éthique professionnelle et l’impact sur la communauté, les T.S. s’efforcent de rendre autonomes les populations marginalisées tout en préconisant un changement systémique et l’inclusivité.

Au coeur de ce contexte se trouve la reconnaissance du fait que la contribution considérable des femmes dans le domaine du travail social reflète une dévalorisation persistante et systémique liée aux stéréotypes fondés sur le sexe et aux préjugés défavorables du public sur les personnes desservies par les T.S. Bien qu’elle exige une expertise considérable pour composer avec des dynamiques juridiques, relationnelles et émotionnelles complexes, la profession est souvent mal comprise et considérée comme un travail inférieur ou plutôt réservé aux « soignant(e)s non professionnel(le)s ». La perception féminisée de leur travail contribue à perpétuer de mauvaises conditions de travail, à l’absence d’équité salariale et à un respect professionnel qui laisse à désirer, laissant les T.S. sujet(te)s à être sous-évalué(e)s et surchargé(e)s.

En intégrant des préoccupations d’ordre éthique dans la pratique et en favorisant des approches plus sûres, le travail social continue d’évoluer en tant que vecteur de justice, d’équité et de changement transformationnels. Les T.S., en particulier les femmes qui portent de manière disproportionnée ce fardeau, restent à la pointe de la lutte pour des réformes systémiques visant à créer une société plus équitable et plus inclusive.

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